“J’aime qu’un livre s’impose à moi dans la violence de ses divergences.
Un jour, au détour d’une conversation, une amie m’a parlé des crash-tests, de ces accidents soigneusement chorégraphiés qui permettent aux constructeurs automobiles d’améliorer les conditions de sécurité des conducteurs. On installait des cadavres derrière le volant et on provoquait des accidents. Oui, c’est ainsi que ça se passait dans les années 1970, et même longtemps après, avant que des mannequins électroniques remplacent les délicats défunts. J’ai essayé d’imaginer le quotidien d’un homme qui, tous les jours, doit transformer des morts anonymes en conducteurs. Une vie ayant en son centre la notion d’accident. Une vie-accident.
Éros n’est jamais loin de Thanatos. Je me suis intéressé à l’actrice Linda Lovelace, au film Gorge profonde, à l’invention du porno en pleine libération des moeurs, mais aussi au phénomène du strip-tease, à ses codes, ses transformations, bref, aux stratégies de dévoilement/obscurcissement du corps féminin.
À l’obscénité masculine. Entre l’accident et le strip-tease, entre la mort brutale et le sexe violent, quelque chose s’est tissé, a grandi. Et de cette valse entre des univers apparemment exotiques l’un à l’autre est né ce livre, que j’ai voulu frappé du sceau de la scansion, écrit à même la partition des corps, dans leur urgence, leur attente.
Trois personnages sont conviés à cette danse de l’accident. Un homme dans l’horreur des crash-tests. Une strip-teaseuse sous le regard des hommes. Un adolescent ivre de luxure. Le lien qui les unit ? C’est un lien indécidable, une déflagration, une aventure. Qu’éprouvent les corps ? Qui les viole ? Qui les révèle ?
Au commencement était l’accident. Ou la poésie.’’
Ainsi Claro raconte t-il la genèse de son dernier roman, Crash-test, paru en cette rentrée littéraire chez Actes Sud. Un livre puissant, magnétique, d’une grande poésie et d’une grande violence à la fois. Un livre qui ressemble à son auteur, intransigeant dès qu’il s’agit de littérature, refusant catégoriquement de céder à une quelconque facilité. Alors certes, ce n’est pas le livre le plus confortable de cette rentrée littéraire. Mais c’est un de ces livres qui cherchent, qui défrichent, qui ouvrent une nouvelle voie dans le paysage littéraire.
Et c’est pour ça qu’on est très fiers de recevoir Claro, demain soir jeudi à la librairie.
Ce sera à 18h30 et on compte sur vous pour venir nombreux !