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Un texte lumineux sur la montagne et l’engagement. Un homme marche en montagne sur un chemin qu’il connait bien. Quelques mètres plus loin, un autre marcheur est emporté par un éboulement. Il se trouve que les deux personnages se connaissaient bien quarante ans auparavant : frères d’armes dans une organisation clandestine d’extrême gauche, l’un a trahi l’autre. Est-il possible que cette chute ne soit qu’un accident ? Le roman met en scène le jeune juge et l’accusé dans un long dialogue écrit sur le fil. D’une écriture minérale et fluide, il offre de magnifiques pages sur la montagne et des réflexions sur l’engagement politique, tout en maintenant, jusqu’au bout, le suspense sur la culpabilité du personnage.
Impossible, Erri de Luca, Gallimard, 16,50€

Elisa Shua Dusapin nous emmène encore une fois dans son univers si particulier, cette fois-ci dans une fiction même si on l’imaginerait bien à la place de son héroïne : une jeune costumière, fraichement diplômée, qui va faire ses armes dans un cirque à Vladivostok auprès d’un trio de barre russe (si vous ne connaissez pas cette discipline, vous verrez, c’est très impressionnant !). Le roman nous fait partager leur histoire, le temps d’une saison et d’une compétition. Toujours un peu décalé, original, et très touchant.
Vladivostok Circus, Elisa Shua Dusapin, éditions Zoé, 16,50€

Dépaysement, rire, mort, amour, lumière et campagne islandaise. Voici les quelques mots qui pourraient résumer cette pépite littéraire de Jón Kalman Stefánsson (auteur notamment d’Asta) qui nous fait vivre le temps d’un roman parmi les 400 habitants d’un village islandais au fond d’un fjord. D’une ferme à l’autre, en passant par la coopérative et la salle des fêtes (les bals sont au coeur de la vie sociale), c’est une fresque sociale touchante, une comédie humaine à la sauce islandaise où la vie est parfois tragique, mais souvent cocasse – et où finalement on rit beaucoup.
Lumière d’été, puis vient la nuit, Jón Kalman Stefánsson, éditions Gallimard, 22,50€

La vie, les galères et les amours d’une jeune fille noire de 17 ans, pauvre, mère d’un enfant, dans l’Amérique ségrégationniste des années 1950… On ne peut pas dire que le sujet soit follement réjouissant, et pourtant ! Au-delà de la dureté de la réalité qu’elle décrit, il se dégage de ce texte une joie de vivre, une force et une énergie communicatives. Car cette femme à la volonté de fer a aussi un incroyable bagou, et affronte les obstacles avec un mélange de fierté et d’innocence juvénile. Et l’on perçoit déjà les germes de l’engagement politique de Maya Angelou, grande figure du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis.
Rassemblez-vous en mon nom, Maya Angelou, éditions Notabilia, 18€.