L’embellie

Audur Ava Olafsdottir
Editions Zulma
22 euros

C’est l’histoire d’une femme qui le même jour se fait quitter par son mari, gagne au loto, gagne un chalet, et se voit confier par sa meilleure amie coincée à la maternité son petit garçon handicapé de 5 ans. Afin de surmonter sa rupture, elle décide de prendre l’air et part en périple avec le petit sur les côtes de l’Islande. Roman d’initiation s’il en fût, l’Embellie ne cesse de nous enchanter par cette relation de plus en plus cocasse, attentive, émouvante entre la voyageuse et son minuscule passager. Ainsi que par sa façon incroyablement libre et allègre de prendre les fugaces, burlesques et parfois dramatiques péripéties de la vie, sur fond de blessure originelle. Et l’on se glisse dans l’Embellie avec une sorte d’exultation complice qui ne nous quitte plus, longtemps après en avoir achevé la lecture. Il y a chez la grande romancière islandaise – dont on garde en mémoire le merveilleux Rosa candida – un tel emportement rieur, une telle drôlerie des situations comme des pensées qui s’y attachent, que l’on cède volontiers à son humour fantasque, d’une justesse décapante mais sans cruauté, terriblement magnanime. Vrai bain de jouvence littéraire, ses romans ressemblent à la vie.