Notre sélection de romans étrangers pour Noël

Un échantillon des sorties qui ont marqué vos libraires cette année en littérature étrangère traduite !

Rien à déclarer
Richard Ford
Traduction JOSEE KAMOUN – Langue d’origine : ANGLAIS (ETATS-UNIS)
Editions De L’olivier
22,50€
« La vie, ce sera ça, désormais, pensa-t-il. Un catalogue. Les conversations, les rencontres, les gens, les départs, les arrivées. Les choses qui passent. Rien d’effroyable. » À New York ou dans le Michigan, à La Nouvelle-Orléans, à Paris, à Dublin, des hommes et des femmes se penchent sur leur passé. Solitaires le plus souvent, parfois malgré eux (ils sont séparés, veufs ou simplement célibataires), ils s’interrogent aussi sur leur avenir. Sans amertume, même quand la nostalgie joue en sourdine la petite musique des regrets, la ritournelle des occasions perdues et des rendez-vous manqués.
Rien d’autobiographique dans ces nouvelles, nous assure l’auteur. On est pourtant tenté d’y lire, entre les lignes, le bilan de la maison Ford. Car s’il ne dit jamais « je », il y a un peu de Richard Ford dans chacun de ces personnages, ne serait-ce qu’un certain goût pour l’ironie.
Tout en saluant au passage deux de ses modèles : James Salter, pour sa précision, sa cruauté et sa mélancolie, et Alice Munro, championne incontestée du discours indirect libre.

Notre part de nuit
Enriquez Mariana
Traduction ANNE PLANTAGENET
Editions du sous sol, 25€
Un père et son fils traversent l’Argentine par la route, comme en fuite. Où vont-ils ? À qui cherchent-ils à échapper ? Le petit garçon s’appelle Gaspar. Sa mère a disparu dans des circonstances étranges. Comme son père, Gaspar a hérité d’un terrible don : il est destiné à devenir médium pour le compte d’une mystérieuse société secrète qui entre en contact avec les Ténèbres pour percer les mystères de la vie éternelle.
Alternant les points de vue, les lieux et les époques, leur périple nous conduit de la dictature militaire argentine des années 1980 au Londres psychédélique des années 1970, d’une évocation du sida à David Bowie, de monstres effrayants en sacrifices humains. Authentique épopée à travers le temps et le monde, où l’Histoire et le fantastique se conjuguent dans une même poésie de l’horreur et du gothique, Notre part de nuit est un grand livre, d’une puissance, d’un souffle et d’une originalité renversants. Mariana Enriquez repousse les limites du roman et impose sa voix magistrale, quelque part entre Silvina Ocampo, Cormac McCarthy et Stephen King.

Sidérations
Richard Powers
Traduction SERGE CHAUVIN – Langue d’origine : ANGLAIS (ETATS-UNIS)
Actes sud
23€
Dans une Amérique au bord du chaos politique et climatique, un père embarque son jeune fils souffrant de troubles du comportement dans une sidérante expérience neuroscientifique. Richard Powers signe un nouveau grand roman questionnant notre place dans le monde et nous amenant à reconsidérer nos liens avec le vivant.

 

 

Incident au fond de la galaxie
Etgar Keret
Points
6,70€
Un employé de cirque accepte d’être envoyé dans le ciel comme un boulet de canon ; le jeune pensionnaire d’un étrange orphelinat découvre qu’il est un clone d’Adolf Hitler ; un accidenté de la route perd la mémoire et se retrouve dans une pièce virtuelle avec une femme virtuelle, à moins que ce ne soit l’inverse…
Facétieuses, corrosives et brillantes, les vingt-deux nouvelles d’Incident au fond de la galaxie manient le virtuel et le fantastique pour faire surgir de profondes réflexions sur le deuil, la solitude et les stigmates de l’Histoire.

Apaiser nos tempêtes
Jean Hegland
Traduction NATHALIE BRUE (Anglais)
Phébus, 23€
Les parcours d’Anna et de Cerise n’ont rien de commun. Promise à une brillante carrière, Anna étudie la photographie à l’université de Washington ; lycéenne, Cerise habite en Californie sous l’emprise totale de sa mère. Lorsque chacune des jeunes femmes tombe enceinte par accident, Anna avorte, et Cerise garde l’enfant. Dix ans plus tard, ces décisions auront déterminé le cours de leur vie. D’espoirs en déceptions, de joies en drames, Anna et Cerise, bientôt réunies par le hasard, apprennent à être mères, et à être femmes. Roman d’une portée universelle et d’une rare force émotionnelle qui raconte le monde au féminin.

Jewish cock
Katharina Volckmer
Traduction PIERRE DEMARTY – Langue d’origine : ANGLAIS
Grasset et fasquelle, 18,50€
Allongée, les jambes écartées, une jeune femme observe le crâne dégarni du Dr Seligman en train de l’ausculter. Elle se lance dans un monologue absolument déjanté et lui parle de ses fantasmes, de ses obsessions, des détails de sa vie sexuelle ainsi que de son histoire familiale. Née en Allemagne, elle a fui ses parents pour s’installer à Londres où elle vit à présent, s’exprimant dans une langue qui n’est pas la sienne et se débattant avec un corps qui l’étouffe un peu plus chaque jour. Au décès de son grand-père, elle réalise qu’elle ne pourra échapper à son héritage et à la culpabilité d’avoir grandi dans une famille allemande après la Shoah. Exilée dans son corps, exilée au Royaume-Uni, elle décide alors de raconter sa transition et de conjurer le silence grâce au rire.

Lilas rouge
Reinhard Kaiser-Mühlecker
Traduction OLIVIER LE LAY – Langue d’origine : ALLEMAND (AUTRICHE)
Verdier, 30,50€
Un soir à la nuit tombante, au début des années 1940, un père et sa fille arrivent dans un village de Haute-Autriche sur une carriole tirée par un cheval, avec leurs malles et leurs meubles, et s’installent dans une ferme abandonnée qui leur a été attribuée. La jeune fille traumatisée serre dans son poing un bouquet de lilas rouge.
Ferdinand Goldberger, chef de section du parti nazi, a dû fuir son village d’origine, mais ses crimes pèseront sur sa descendance. Au moment où la lignée semble devoir s’éteindre, puisque aucun des petits-enfants du patriarche n’a eu d’enfant à son tour, voici que surgit un ultime héritier, né à l’insu de tous, éduqué au loin. Comme son grand-père et son arrière-grand-père, il s’appelle Ferdinand…
Avec ce roman, Reinhard Kaiser-Mühlecker raconte dans une langue somptueuse le destin de l’Autriche rurale aux prises avec l’héritage du nazisme. La littérature de langue allemande n’avait pas produit depuis longtemps une fresque narrative d’une telle ampleur, comparables aux plus grands classiques européens. Riche en personnages inoubliables, Lilas rouge a été salué par la critique allemande comme une révélation.

La petite lumière
Antonio Moresco
Traduction LAURENT LOMBARD – Langue d’origine : ITALIEN
Verdier Poche, 8,50€
« Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant » : ainsi commence La Petite Lumière. C’est le récit d’un isolement, d’un dégagement mais aussi d’une immersion. Le lecteur, pris dans l’imminence d’une tempête annoncée mais qui tarde à venir, reste suspendu comme par enchantement parmi les éléments déchaînés du paysage qui s’offrent comme le symptôme des maux les plus déchirants de notre monde au moment de sa disparition possible. L’espace fait signe par cette petite lumière que le narrateur perçoit tous les soirs et dont il décide d’aller chercher la source. Il part en quête de cette lueur et trouve, au terme d’un voyage dans une forêt animée, une petite maison où vit un enfant. Il parvient à établir un dialogue avec lui et une relation s’ébauche dans la correspondance parfaite des deux personnages. Cette correspondance offre au narrateur l’occasion d’un finale inattendu. La petite lumière sera comme une luciole pour les lecteurs qui croient encore que la littérature est une entreprise dont la portée se mesure dans ses effets sur l’existence.

Le visage de pierre
William Gardner Smith
Traduction BRICE MATTHIEUSSENT – Langue d’origine : ANGLAIS (ETATS-UNIS)
Christian Bourgois
21€
Fuyant les États-Unis et le racisme qui y règne, Simeon, un noir américain, arrive au début des années 1960 à Paris. Ici, les noirs se promènent sans craindre pour leur vie, et la diaspora américaine a pignon sur rue : dans les cafés, on refait le monde entre deux morceaux de jazz, on discute de politique en séduisant des femmes… Tout semble idyllique dans la plus belle ville du monde. Mais Simeon s’aperçoit bien vite que la France n’est pas le paradis qu’il cherchait. La guerre d’Algérie fait rage, et un peu partout, les Algériens sont arrêtés, battus, assassinés. En rencontrant Hossein, un militant algérien, Simeon comprend qu’on ne peut être heureux dans un monde cerné par le malheur : il ne peut pas rester passif face à l’injustice.
Écrit en 1963, Le Visage de pierre fut le seul livre de William Gardner Smith à n’avoir jamais été traduit en français, et l’on comprend pourquoi : pour la première fois, un roman décrivait un des événements les plus indignes de la guerre d’Algérie, le massacre du 17 octobre 1961. Dans cet ouvrage où l’honneur se trouve dans la lutte et dans la solidarité, William Gardner Smith explore les zones d’ombre de notre récit national.

La bonne chance
Rosa Montero
Traduction MYRIAM CHIROUSSE – Langue d’origine : ESPAGNOL
Metailie
20€
«La joie est une habitude.» Qu’est-ce qui pousse un homme à descendre d’un train à l’improviste et à se cacher dans un village perdu ? Il veut recommencer sa vie ou en finir ? Il fuit quelqu’un, ou quelque chose, peut-être lui-même ? Le destin l’a conduit jusqu’à Pozonegro, un ancien centre minier désormais à l’agonie. Devant chez lui passent des trains qui peuvent être son salut ou sa perte, tandis que ceux qui le cherchent sont à l’affût. La chute semble se rapprocher… Mais dans ce lieu maudit cet homme fait, aussi, la connaissance de gens comme la lumineuse, généreuse Raluca, un peu cinglée peut-être, qui peint des chevaux et a un secret. Ici, tout le monde a un secret, certains plus obscurs et dangereux que d’autres, quelques-uns ridicules. Parce que la vie est aussi une comédie. Et certains font semblant d’être ce qu’ils ne sont pas, ou cachent leurs véritables intentions. C’est le grand jeu des mensonges. Une intrigue ensorcelante, d’une précision d’horloge, dévoile peu à peu le mystère de cet homme et, ce faisant, nous montre une radiographie des désirs humains : la peur et le calme, la culpabilité et la rédemption, la haine et la passion. Ce roman parle du Bien et du Mal et de la façon dont, malgré tout, le Bien l’emporte. C’est une histoire d’amour, tendre et fébrile, mais aussi d’amour de la vie. Parce que, après chaque défaite, il peut y avoir toujours un nouveau début, et parce que la chance n’est bonne que si nous le décidons ainsi.