Notre sélection littérature // rentrée de janvier 2023

Allemagne, conte obscène, Viktor Paskov, traduit du bulgare par Marie Vrinat-Nikolov, éditions du Typhon

Gros coup de cœur ! Un roman électrisant, ébouriffant, obsédant, déchirant… Allemagne , conte obscène raconte les tribulations d’un jeune bulgare de 19 ans dans les coulisses d’un théâtre d’Allemagne de l’est. D’une écriture nerveuse, orale, souvent excessive, l’auteur multiplie les dialogues, les sauts dans le temps, les références à Jimi Hendrix ou aux Beatles… Ça déborde de vie, d’humour, de musique, mais aussi de désespoir et de cruauté. Car c’est la vie sous le système soviétique dans les années 1960 qui est contée ici : la désillusion des artistes venus des pays de l’Est, écrasés par les agents de la Stasi, l’impossible épanouissement de la jeunesse rebelle, la violence des faibles contre les faibles avec, au bas de l’échelle, les femmes. Un texte qui marque !

Les sources, Marie-Hélène Lafon, éditions Buchet-Chastel

Magnifique, très court roman de Marie-Hélène Lafon qui explore une nouvelle fois la famille et le monde paysan dans son Cantal natal. Avec une économie de mots et une justesse implacable, elle touche au coeur et confirme son grand talent d’écrivaine.

 

 

Les dangers de fumer au lit, Mariana Enriquez, traduit de l’espagnol par Anne Plantagenet, éditions du Sous-sol

Des nouvelles dans le registre de l’horreur et de l’épouvante pour mieux dire la violence de l’Argentine et la morbidité du monde moderne. Prenant et surprenant !

 

 

 

Notre part de nuit, éditions Points

Nous ne pouvons nous empêcher de signaler la sortie en poche du précédent livre de Mariana Enriquez, chef d’œuvre de fantastique qui emportera aussi les lecteurs non coutumiers de la littérature de genre mais curieux de découvrir un univers étrange, sombre, traversé par un souffle puissant…

 

 

Deux vies, Emanuele Trevi, traduit de l’italien par Nathalie Bauer, éditions Philippe Rey

Deux vies brutalement interrompues magnifiées par l’écriture d’Emanuele Trevi. Un récit court et dense mais d’une grande profondeur. Que sait-on des autres, des êtres aimés, perdus et retrouvés ? Ces deux portraits d’écrivains chers à l’auteur dépassent la simple anecdote de l’hommage. Les êtres de chair et de papier s’y mélangent pour donner au livre une sorte de hauteur existentielle, presque spirituelle, dans laquelle on s’immerge avec bonheur.

 

Jusqu’au prodige, Fanny Wallendorf, éditions Finitude

Un conte noir captivant, à l’écriture ciselée, qui offre de très belles pages sur la forêt. Par l’auteure de L’appel, qu’on avait beaucoup aimé !

Une jeune fille, Thérèse, est retenue prisonnière par un Chasseur, comme les animaux sauvages qu’il garde en cage. Quand elle s’enfuit, la forêt devient son refuge et lorsque la terreur la gagne, ses souvenirs d’enfance deviennent une barrière à la noirceur des Hommes. La course fiévreuse de Thérèse, dans une forêt bruissant d’une vie dans laquelle elle se fond, provoque dans son esprit un flux d’images et de sensations.

 

Harlem Shuffle, Colson Whitehead, traduit par Charles Recoursé, éditions Albin Michel

« Petites arnaques, embrouilles et lutte des classes… La fresque irrésistible du Harlem des années 1960. Époux aimant, père de famille attentionné et fils d’un homme de main lié à la pègre locale, Ray Carney, vendeur de meubles et d’électroménager à New York sur la 125e Rue, « n’est pas un voyou, tout juste un peu filou ». Jusqu’à ce que son cousin lui propose de cambrioler le célèbre Hôtel Theresa, surnommé le Waldorf de Harlem… Chink Montague, habile à manier le coupe-chou, Pepper, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, Miami Joe, gangster tout de violet vêtu, et autres flics véreux ou pornographes pyromanes composent le paysage de ce roman féroce et drôle. Mais son personnage principal est Harlem, haut lieu de la lutte pour les droits civiques, où la mort d’un adolescent noir, abattu par un policier blanc, déclencha en 1964 des émeutes préfigurant celles qui ont eu lieu à la mort de George Floyd. Avec Harlem Shuffle, qui revendique l’héritage de Chester Himes et Donald Westlake, Colson Whitehead se réinvente une fois encore en détournant les codes du roman noir. »

Le silence de la cité, Elisabeth Vonarburg, éditions Folio SF

« Depuis le Déclin, la civilisation humaine est au bord de l’extinction. Si la plupart des survivants se sont retranchés dans des cités souterraines, d’autres ont été contraints à la vie sauvage à la surface. Les mutations génétiques se sont multipliées et il ne naît pratiquement plus que des filles. Dans leur cité automatisée, une poignée de scientifiques cherche une solution aux désastres qui rongent la Terre. Et cette solution pourrait bien avoir un nom : Élisa. Fruit d’expériences technogénétiques extrêmes, l’enfant possède d’étonnantes capacités physiques. Une nouvelle humanité capable de survivre à un monde transformé est-elle possible, et à quel prix Récompensé par le prix Boréal, le Grand Prix de la science-fiction française et le prix Rosny Aîné en 1982, Le silence de la Cité nous plonge au cœur des origines du monde des Chroniques du Pays des Mères et explore avec finesse des questions toujours brûlantes d’actualité. »